C’est un sujet qui me tient particulièrement à cœur, car j’ai rencontré beaucoup de personnes déçues à la suite d’une mauvaise expérience éditoriale. Ou alors des auteurs désespérés de trouver un éditeur, le Graal à leurs yeux.
Tout ce qui brille n’est pas or
Il existe des “éditeurs”, bien qu’ils soient rares, qui demandent un payement à l’auteur ou un préachat d’ouvrages pour éditer son livre. Ces “éditeurs” n’en méritent pas le nom, car leur fonds de commerce n’est pas la mise en valeur et la vente de livres au public, mais la chasse aux auteurs désespérés ou naïfs. On appelle cela l’édition à compte d’auteur.
La réputation de ces gens est généralement exécrable dans le milieu de l’édition à cause de la qualité médiocre de leur production (généralement ils rognent sur la qualité pour augmenter leur marge) et de la mauvaise image qu’ils véhiculent sur le secteur des livres. Un tel éditeur aura beaucoup de mal à mettre votre livre en valeur, car peu d’acteurs du livre souhaiteront s’associer à lui.
Il y a également les éditeurs qui “publient à la pelle”. Ces éditeurs-là, on les retrouve sur internet surtout. Ils trient très peu les manuscrits car leur modèle d’affaire est basé sur la quantité et non sur la qualité. Ils passeront également peu de temps sur le travail éditorial du livre. L’investissement financier est généralement minimum voir nul.
Ils sont selon moi une fraude dans le sens où ils se prétendent éditeur mais ils fonctionnent en réalité à la manière d’une plateforme de vente comme Lulu ou Amazon. Leur chiffre d’affaire se base surtout sur les ventes de livres aux proches, dont ils vont se réserver la part du lion sans avoir investi ni l’argent, ni le travail pour le mériter. Les auteurs se retrouvent souvent seuls à faire leur promotion et à vendre avec des retours financiers misérables.
Comme je l’ai expliqué dans le précédent billet, un éditeur doit s’investir dans les projets qu’il édite. Sinon, ça ne vaut pas la peine d’être édité.
Le socle de vente aux proches
Généralement, les livres qui ont été édités de la sorte sont “grillés”. Leur mise en valeur est généralement dans une impasse et une reprise par un autre éditeur est généralement difficile : soit à cause de droits d’auteur cédés au précédent “éditeur”, mais aussi parce qu’ils ont généralement épuisé ce que j’appelle le socle de vente aux proches.
Ce socle de vente aux proches est à la base du modèle économique des éditeurs-plateformes comme je l’ai dit plus haut, mais il est aussi très important pour des éditeurs plus traditionnels comme PVH éditions. Il permet d’assurer un minimum de ventes surtout pour un nouvel auteur et de mitiger le risque financier. Lors d’une seconde édition, même retravaillée, on ne peut plus compter sur ce socle qui assure des ventes mais stimule également l’enthousiasme. C’est l’expérience que j’ai vécu pour le roman Adaï aux mille visages, Ceux qui changent. Il avait déjà connu une première édition chez un “éditeur à l’abattage”. Je pense que c’est une des principales raison qui ont fait échouer la campagne de crowdfunding qui devait donner un nouvel élan à la série.
L’autoédition, c’est vraiment pas mal
Alors au lieu de s’épuiser à chercher un éditeur, ou pire encore à se faire éditer par la mauvaise personne, il existe une solution excellente : l’auto-édition. Il arrive à certains auteurs de déprécier cette alternative. Pour ma part, je pense que c’est une excellente démarche pour plusieurs raisons :
- Aujourd’hui, il existe de nombreux outils informatiques en local ou en ligne pour éditer son propre livre. Il ne faut pas hésiter à les utiliser À CONDITION DE GARDER LES DROITS SUR VOTRE ŒUVRE.
- C’est une excellente expérience pour en apprendre plus sur le travail d’éditeur. Ainsi vous serez mieux armé pour discuter avec un éditeur et d’autres acteurs du livre.
- Vous gardez un contrôle total sur votre œuvre. Personne ne pourra vous limiter dans vos choix éditoriaux.
- Vous aurez un livre à présenter autour de vous, et notamment à des éditeurs. Il faut dire qu’une autoédition est plus simple à transmettre à un éditeur que d’un éditeur à un autre.
Bien entendu, j’ai conscience que la portée de autoédition reste limitée et qu’elle nécessite beaucoup de travail de la part de l’auteur. Mais ce n’est pas une voie définitive, comme lorsqu’on signe avec un éditeur qui ne convient pas. Et ce n’est pas déshonorant pour l’œuvre, comme peut l’être l’édition à compte d’auteur…
Je sais que certains auteurs sont prêt à payer pour se faire éditer, de voir leur livre dans les étales de leur libraire. Mais si vous voulez dépenser de l’argent, vous faites mieux de le dépenser dans une autoédition. Il existe des éditeurs indépendants que vous pouvez engager “à la tâche” pour améliorer votre livre et vous garderez les droits sur votre œuvre.
Et si vous avez la chance d’être édité par un éditeur qui vous correspond et qui investit son temps et son argent dans votre œuvre, gardez votre budget pour faire des trucs sympathiques : se payer un voyage pour un événement littéraire ou s’offrir un week-end au vert pour écrire votre prochain livre.
Comme tous les mercredi après la publication de mon post, un nouveau cahier est disponible sur printathome.cc. Aujourd’hui, L’héritage des Sombres 3/19 de Pascal Lovis
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1 thought on “L’autoédition et l’édition à compte d’auteur”