En 2013, je venais de me lancer comme indépendant et je me suis intéressé aux moyens de payement en ligne. J’avais l’intuition que le financement participatif et les micropaiements pourraient devenir un outil important pour développer mon activité de créateur et d’éditeur. C’est ainsi que j’ai découvert Bitcoin, ce fut la révélation et j’en ai attendu beaucoup. Malheureusement, la révolution des payements a été lente, mais je pense qu’aujourd’hui elle est mure et va tout défoncer. Accrochez vos ceintures !
Financements pair-à-pair impossible
Depuis des années, on peut utiliser internet pour créer, publier et entretenir un lien avec son public de manière directe, de pair-à-pair. Mais le domaine de payement est le dernier à “résister” à la décentralisation. Avec les outils traditionnels de payement, impossible de se passer des sociétés de cartes de crédit, des banques, PayPal et compagnie. Il y a toujours un intermédiaire contrairement à un concert public qui autorise le don “au chapeau” ou la vente de produits avec du cash.
Bien que l’accessibilité à ces moyens de payement se soit améliorés depuis 2013, ça reste souvent encore un peu compliqué de gérer cela soit même. Cela poussent souvent les gens à déléguer ces aspects à des plateformes comme Amazon pour leur boutique ou kickstarter/tipeee pour leurs campagnes de financement participatif.
Cette dépendance a un coût gigantesque. Souvent caché aux acheteurs car elle repose sur le vendeur. Voici quelques exemples :
- Sur la boutique PVH éditions, si vous payez quelque chose 26€ avec un carte, je reçois 24.95 € sur mon compte (4% de commission),
- Sur Tipeee, si je fais un microdon de 1€ avec paypal, je payerai 1.28€ (près de 20% de commission)
- Sur Tipeee toujours, quand j’ai reçu un don de 7€ le 15 mai (merci à notre tipeur), je ne vais recevoir que 6.44 € sur mon compte bancaire le 1er juillet (8% et délai de 1 à 2 mois)
- Sur Ulule, lors de la campagne de Printeurs, nous avons récolté 3889 € sur Paypal + 7016 € par carte de crédit. Total 10905€. Il faut ensuite déduire les frais paypal de 195.68€ (5% de frais) et ceux de Ulule 631.85 € (5.7% de frais). Au final, j’ai reçu 10077€ (presque 7.6% de frais).
Que l’on soit clair, tous ses frais sont annoncés dès le départ et je les ai acceptés. Je n’ai pas vraiment eu le choix car ils représentent la méthode la plus courante pour vendre les livres.
Mais avouez tout de même que ça fait mal au fondement… Ce serait tout de même pas mal de pouvoir se passer de ces intermédiaires pour commercer sur internet, non ?
Bitcoin une “longue” maturation
Comme je l’ai dit, c’est pour cette raison que je me suis intéressé à Bitcoin en 2013. Il résolvait tous les problèmes de frais et d’intermédiation dans les payements sur internet. En réalité, tous ceux qui ont déjà fait des transactions sur Bitcoin ou d’autres blockchains publiques connaissent ce sentiment d’indépendance.
Mais à l’époque, l’adoption de Bitcoin était très petite et son développement était encore suffisant pour pouvoir faire ce dont je rêvais : faire des micropaiements sans frais (ou presque) et organiser des levées de fonds simplement. Bien qu’étant convaincu par Bitcoin, je me suis intéressé à des projets qui me semblaient moins onéreux et plus accessible pour un type comme moi. Je me suis donc tourné vers le projet Nxt et j’ai eu la chance de pouvoir participer aux premiers ICO (initial coin offering) et j’ai même créé et vendu un NFT (non fungible token). J’ai vendu quelques e-books sur le marché décentralisé. C’était avant que ce ne soit à la mode ou accessible sur Ethereum ou Bitcoin. J’ai sans doute organisé la première campagne de financement participatif entièrement pair-à-pair pour un livre. Je dois vous avouer que c’était très amusant.
Mais pendant que je jouais à la dînette sur Nxt, Bitcoin a évolué. Il a su renforcer sa sécurité et sa stabilité pour devenir le socle stable et indestructible qu’il est aujourd’hui. En 2017, il implémente de manière bruyante, mais incontestable Segwit et la possibilité de développer le Lightning Network (LN). Depuis ce moment, mon intérêt est retourné sur Bitcoin, j’ai découvert les évolutions et réalisations qui m’avaient échappé et j’ai réalisé son potentiel. Ce retour aux sources a culminé par ma première transaction sur LN en 2019, un gros coup de poing dans ma gueule. Il faut le tester pour y croire : payements P2P instantanés avec des frais ridicules, négligeables et totalement privés, sans risque de surcharge. Toutes les cases sont cochées, il ne manque plus que l’adoption.
Les choses sérieuses commencent
Il y a quelques semaines, le Salvador a décidé d’adopter Bitcoin comme moyen de payement légal. Le pays va devenir un laboratoire géant pour tester Bitcoin et LN à grande échelle. Partout dans le monde, le réseau LN se développe de manière exponentielle et les lieux qui acceptent les payements avec LN sont de plus en plus nombreux. Moi même, à l’aide de BTCpay, j’ai mis en place une campagne 100% autohébergée pour financer le print@home.
Concernant les NFT, ils sont un outil intéressant pour financer des artistes, comme l’excellent projet The Underground Sistine Chapel , beaucoup utilisent encore Ethereum (comme moi j’utilisais Nxt avant eux), mais il est également facile d’en créer sur Bitcoin qui est le meilleur outil de certification au monde (je vous recommande d’aller voir ce que fait la startup Woleet à ce sujet). Je me suis amusé également à faire des NFT artisanaux sur Bitcoin, je vous ferai un article plus complet à ce sujet prochainement.
Allez voir LNbits, c’est extraordinaire les outils qu’ils offrent déjà pour la vente en ligne :
- DJ Livestream : vends de la musique et partage les revenus
- Events : vends et enregistre des tickets d’événements
- OfflineShop : reçois des payement pour des produits de manière hors-ligne.
- StreamerCopilot : reçois des pourboires avec un QR code statique
J’ai également eu la chance d’avoir un avant-goût de RGB et je peux vous dire que ça m’a mis l’eau à la bouche.
Ces prochains mois et année vont voir une explosion et démocratisation de ces outils. Je pense que les prochaines années seront intéressantes et que nous pourrons compter très bientôt sur un moyen de payement pair-à-pair pour financer nos projets sur internet. Je vous invite à suivre ce qui se fait dans ce domaine, car je peux vous promettre que ce sera passionnant.
Comme tous les mercredis, un nouveau cahier est disponible sur printathome.cc. Cette semaine, Ceux qui changent 3/7 d’Aquiliegia Nox
L’image d’illustration est sous licence CC0
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